Pourquoi suis-je devenue biographe ?

Les deux piliers de la biographie

Avant de devenir biographe, j’ai toujours beaucoup écrit. J’ai longtemps participé à des ateliers d’écriture, écrit des poèmes, des nouvelles et du théâtre. J’éprouvais ce besoin de mettre par écrit des pensées, des peurs, des joies, des rencontres, des instants, pour ne rien oublier de mes ressentis et surtout pour mieux les comprendre. Mais si écrire constitue un des piliers du travail biographique, il n’est pas le seul. En effet, l’autre élément indispensable à la réalisation d’une biographie, c’est l’écoute. Seule une écoute de qualité tout au long du projet biographique (de l’entretien préalable jusqu’à la réalisation du livre) permet de respecter fidèlement les propos, l’intention et la voix de la personne biographiée. Il est essentiel que le récit final soit une représentation conforme des propos rapportés.

L’indispensable écoute

Je suis devenue biographe parce que je me passionne pour les histoires de vie. Il n’existe pas de petites vies, elles sont toutes grandes, puisqu’elles sont quelqu’un. Chacune est peuplée de victoires, de défaites, de destins brillants ou contrariés, de détours et d’impasses, mais chaque chemin peut se dire, se raconter, s’expliquer ou simplement se décrire. Chaque vie constitue un patrimoine pour les êtres chers. Et c’est ce trésor qu’il m’appartient de reconstituer avant de le laisser traverser les générations. Des mots en héritage pour éclairer l’entourage, expliquer, partager et ne rien oublier.

La magie de l’écriture

Je suis devenue biographe parce que je crois au pouvoir de l’écriture. L’écriture est magicienne, elle enferme le vent dans une boîte, pour qu’alors nous puissions le sentir, le toucher, le tenir. L’écriture est magicienne, elle détient le pouvoir de transformer les souvenirs, volatiles, abstraits, en objet que l’on peut tenir entre ses mains. L’écriture est magicienne, elle change la mémoire en matière solide, palpable, elle convertit les images flottantes du passé en récit littéraire d’un livre bien présent.

Un livre entre ses doigts

Je suis devenue biographe parce que je voulais réaliser des livres. Je voulais que chacun puisse expérimenter la joie de tenir son histoire entre ses mains, toucher la couverture de son propre livre, savoir que derrière elle, sont reliées les pages de son récit. Celui de sa vie ou d’un morceau de sa vie. Avec bien sûr, cette idée que ce livre se transmette à l’entourage, partagé, offert, pour qu’il traverse les générations, que le passé enrichisse le présent, éclaire le futur, éloigne l’oubli.

La biographie est une peinture de l’âme

Le biographe écrit des portraits. Les portraits d’une époque, d’une histoire, d’une personne. La biographie est un tableau. Alors comme un peintre reproduit un visage sur sa toile, j’écris un sourire, une fossette creusée au coin des lèvres, une mèche de cheveux lentement ramenée derrière l’oreille. Je raconte les années, les rencontres, les instants de bascule, une maison, un jardin. Au-delà d’une vie, d’une histoire, je retranscris l’impatience d’un pied sur le sol ou le trouble d’un regard embué. Je crois que si je suis devenue biographe, c’est parce que je n’ai pas trouvé meilleur moyen de conjuguer amour des mots et richesse de la relation humaine.